• Burkina Faso

  • Les paysans font leur révolution écologique au Burkina Faso


    puce-burkina-fasoAu Burkina Faso, aux lisières du Sahara, de plus en plus d’agriculteurs suivent les préceptes de l’agroécologie pour redonner vie à leurs terres menacées de désertification. Avec peu de moyens, sans coûts supplémentaires, cette forme d’agriculture attentive aux équilibres naturels apporte des solutions spectaculaires pour rétablir la fertilité des sols mais aussi améliorer les rendements, assurer une meilleure gestion de l’eau, garantir l’autonomie alimentaire du pays, limiter l’exode rural et restaurer un climat moins sec.

     

    Texte : Guillaume Jan | Photographies : Jérômine Derigny
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  • La menace du désert

    Depuis plusieurs décennies, le Sahel est en voie de désertification. La coupe de bois et l’épuisement des sols rendent arides les terres autrefois fertiles. Cette disparition du couvert végétal entraîne de lourdes conséquences sur le climat, qui devient plus chaud et plus sec. Au Burkina Faso, la population double tous les trente ans et la pression humaine continue d’appauvrir le sol de manière alarmante : surpâturage, mauvaises pratiques agricoles et déforestation abusive (pour la cuisson des aliments ou l’extension des cultures) aggravent les effets des sécheresses récurrentes. L’équilibre écologique est menacé. Tout cela remet gravement en cause la sécurité alimentaire du pays, pourtant peuplé de 85 % d’agriculteurs.

  • Quand j’étais enfant, mon village était entouré d’une brousse dense, profonde. On y trouvait des antilopes, des lions et des zèbres en abondance. Aujourd’hui, les animaux ont disparu et la végétation est de plus en plus clairsemée »

    Madi Sawadogo, agriculteur burkinabé

    Le miracle de l’agroécologie

    Les méthodes extensives de l’agriculture traditionnelle (notamment les brûlis pour gagner de nouvelles terres) ne sont plus possibles tant la savane a été détruite au cours des dernières décennies. Et les sols du Sahel sont trop fragiles et trop arides pour supporter l’agression des intrants chimiques de l’agriculture dite conventionnelle. Par ailleurs, même subventionnés par l’État, ces engrais et pesticides coûtent cher à l’importation et participent à l’endettement des paysans. Au Burkina Faso, tout comme au Mali ou au Niger, plusieurs groupes d’agriculteurs ont cherché d’autres solutions pour garantir la fertilité de leurs champs. En se tournant vers l’agroécologie, ils expérimentent des méthodes simples, peu coûteuses, naturelles et efficaces : en une ou deux saisons, ils doublent leurs rendements.

  • L’agriculture écologique permet de démultiplier nos rendements, de régénérer nos sols et de garantir notre souveraineté alimentaire, tout en améliorant nos conditions de vie. Par exemple, nous assurons une meilleure pérennité à nos cultures en retenant l’eau des pluies au moyen de simples diguettes, le compost que nous avons appris à fabriquer fertilise généreusement le sol et les arbres que nous plantons maintiennent l’humidité des sols et de l’air. »

    Madi Sawadogo, agriculteur burkinabé.
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