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  • L’écologie en héritage


    puce-franceDans la Drôme, entre les Alpes et la Provence, paysans, artisans, entrepreneurs, citoyens et élus tentent un ambitieux projet écologique : « construire » ensemble une vallée dans laquelle le développement économique respecte l’homme et son environnement. Né de la volonté de quelques élus au milieu des années 2000, le projet Biovallée s’appuie sur de multiples initiatives écologiques mises en place dès les années soixante-dix par de nombreux néoruraux gagnés par le mouvement de retour à la terre. Ce sont ces hommes et ces femmes à la recherche d’un mode de vie alternatif, dont l’enthousiasme jurait avec le pessimisme ambiant, qui constituent les véritables pionniers de cette aventure. 

     

    Texte : Lise Barnéoud | Photographies : Eléonore Henry de Frahan
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  • L’agriculture bio : 
    pilier du projet

    Depuis les larges plaines tapissées de tournesols, d’abricotiers ou de pommiers situées en aval, jusqu’aux champs de lavande et de vignes bien alignées sur les flancs de collines en amont, l’agriculture représente un élément central de la vallée. C’est aussi le pilier fondateur du programme Biovallée. Certains paysans font ici figures de pionniers de l’agriculture biologique. Pas moins de 30 % des terres agricoles des 102 communes de la Biovallée sont ainsi cultivées en bio, contre moins de 4 % au niveau national. L’objectif à l’horizon 2020 est d’atteindre la moitié des surfaces agricoles en bio et de proposer 80 % d’aliments biologiques ou locaux dans la restauration collective.

    Lorsque nous sommes arrivés en 1972, il n’y avait plus que six vieux au village. Ce sont eux qui nous ont tout appris. Nous venions de la Lune pour eux !
    En plus, on refusait d’utiliser les produits phytosanitaires ! Mais ils ont apprécié qu’on leur demande de nous apprendre leur métier »

    Sjoerd Wartena, paysan à la retraite, originaire d’Amsterdam, cofondateur et premier président de Terre de Liens, un mouvement qui achète des terres grâce à de l’épargne ou des dons de citoyens, pour permettre à des agriculteurs bio de s’y installer.
  • “Construire” une vallée vivante, qui réponde aux besoins du présent sans compromettre l’avenir

  • L’isolation comme levier de développement local

    L’un des projets phares de Biovallée a pris naissance dans un petit hameau isolé dans un vallon voisin de la rivière Drôme : Félines-sur-Rimandoule. Là, une vingtaine d’ingénieurs s’affairent dans une belle bâtisse mi-pierre mi-bois. Olivier Sidler a quitté Paris pour retaper ce qui n’était à l’époque qu’une ruine et y a installé son entreprise : Enertech, spécialisée dans les bâtiments à faible consommation d’énergie. Ecolo de la première heure, co-fondateur de l’Institut NégaWatt, il a mis sur pied grâce à Biovallée plusieurs groupements d’artisans (plombiers, charpentiers, électriciens, maçons…) et les a formés aux techniques de la rénovation à très basse consommation d’énergie. Les propriétaires peuvent désormais faire appel à eux pour isoler efficacement leur maison.

  • Quel futur ?

    Largement subventionnée jusqu’en 2015, la Biovallée voit aujourd’hui ses aides publiques se tarir. Or, avec l’argent qui reflue, les volontés politiques se rétractent. Et certains redoutent la mort d’un projet devenu en quelques années une vitrine nationale du développement durable. Pour autant, même si la cohésion politique du projet s’effrite, restent les acteurs de terrain, ceux par qui tout a commencé. Ces hommes et ces femmes qui font quotidiennement la Biovallée. Et qui ne changeront ni leurs idéaux ni leur mode de vie.

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