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Contexte
De Réfugiés climatiques
à EmpreinteL’être humain est toujours au cœur des reportages du collectif Argos. C’est pourquoi, dès 2001, en découvrant la publication du deuxième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) nous avons voulu donné un visage à cette problématique. Présenté, à l’époque, sous la forme de graphiques, nous avons ainsi cherché à incarner ce phénomène.
Comment ? En racontant des histoires de vie. Celles des premières victimes du dérèglement du climat qui basculent de l’enracinement à l’exil et de la pauvreté à la misère. Un chiffre avait particulièrement retenu notre attention : selon les prévisions de l’Organisation des Nations Unies, « environ 150 millions de réfugiés du climat devraient être déplacés d’ici à 2050 ».
Réfugiés climatiques : de l’Alaska au Tchad, en passant par les Maldives
Notre périple a commencé en novembre 2004 par l’Alaska où se pose le problème du dégel des sols arctiques pour se poursuivre aux îles Tuvalu, Maldives et Halligen (en Allemagne) afin de témoigner de la montée du niveau des mers ; en passant par le Tchad et la Chine gagnés par la désertification ; le Bangladesh qui subit l’inondation des deltas ; le Népal victime de la fonte accélérée des glaciers ; et pour finir, en 2009, aux Etats-Unis où les cyclones sont de plus en plus violents. Neuf Etats à travers le monde afin de montrer que le changement climatique est une réalité déjà en marche. Et susciter une prise de conscience sur le risque de la perte d’une pluralité culturelle.
Intitulée Réfugiés climatiques, cette première série documentaire du collectif Argos a fait l’objet de la publication de nombreux reportages dans la presse en France et à l’étranger, de l’édition d’un livre (Carré. éd. 2010. Version anglaise, Climate Refugees, The MIT Press Cambridge) et d’une exposition présentée, notamment, à la 15e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP15), en 2009, à Copenhague.
S’il est désormais trop tard pour empêcher le réchauffement du climat, étant donné nos émissions passées, on peut limiter les dégâts. »
Aujourd’hui, un constat sans appel
Selon Jean Jouzel, préfacier de notre livre, Directeur de Recherches au CEA et vice-Président du groupe scientifique du Giec de 2001 à 2015 (organisme co-récipiendaire du Prix Nobel de la Paix en 2007) le constat est sans appel : « s’il est désormais trop tard pour empêcher le réchauffement du climat, étant donné nos émissions passées, on peut limiter les dégâts.
En restant en-dessous des 2 °C, nous pourrons nous adapter, au moins pour l’essentiel. Encore faut-il passer à l’action, et ce, dès aujourd’hui ».
D’après le climatologue, le scénario « émetteur » du cinquième rapport du Giec, (en clair, si nous ne faisons rien pour limiter nos émissions de gaz à effet de serre) nous conduirait, à la fin de ce siècle, vers un réchauffement moyen proche de 4 °C. L’adaptation sera alors très difficile, voire impossible, et, en tout état de cause, extrêmement coûteuse.
Dans ce scénario, tous les voyants sont au rouge : non seulement, des centaines de millions de personnes devront quitter leur foyer, du fait, notamment, de l’élévation du niveau de la mer (proche d’un mètre), de l’intensification des événements extrêmes (inondations, sécheresses, canicules, cyclones) ou encore de la fonte du permafrost et des glaciers, mais on devra aussi faire face à l’acidification de l’océan et à la mise à mal des récifs coralliens (qui sont à la base de la chaine alimentaire) ; aux difficulté d’accès à l’eau dans certaines régions du monde et donc à l’insécurité ; à une perte de la biodiversité exacerbée et à l’impossibilité pour certains écosystèmes naturels de s’adapter à un changement aussi rapide ; à la stagnation des rendements agricoles ainsi qu’à une pollution urbaine plus difficile à supporter avec des conséquences sur la santé.