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États-Unis
Austin, petit grain vert
au milieu du Texas
La capitale du Texas, Austin, a toujours marqué sa différence : la plus petite des grandes villes de l’État américain (900 000 habitants intra-muros, 2 millions pour le Greater Austin, c’est-à-dire la ville et sa petite couronne) se veut libérale dans une région très conservatrice, et écologiste dans le bastion du scepticisme sur le changement climatique. Mais Austin sait être pragmatique. Elle a transformé sa différence en avantage économique : la métropole est devenue un pôle majeur de l’industrie verte appelée aussi CleanTech aux États-Unis.
Team voiture solaire de l'Université d'Austin/Texas
Austin est une ville à part.
Audrey Fogarty, vice-présidente de Younicos 1 « Conservons le côté bizarre d’Austin »
Il y règne une culture entrepreneuriale et une grande créativité, à l’image du slogan que les Austinites arborent sur leurs t-shirts, leurs sacs ou leurs voitures : “Keep Austin Weird1”»« Keep Austin Weird »
Austin a toujours été une ville pionnière : elle a créé le tout premier système de certification architecturale en 1990, Austin Green Building Program, qui contraint toutes les constructions à des critères minima de développement durable. Cette expérience lui permet aujourd’hui de développer de nouveaux éco-quartiers pour accompagner la plus importante croissance démographique des États-Unis. Possédant sa propre régie de distribution d’électricité, Austin Energy, la métropole a également lancé l’éolien au Texas et affiche aujourd’hui 28 % d’énergie propre. La ville s’était fixé un objectif de 35 % en 2020. Il sera atteint sans peine en 2016. Alors, elle a poussé plus loin : 55 % en 2025.
Autre défi : réduire de 90 % ses déchets d’ici 2040. Un enjeu qui pourrait sembler particulièrement complexe mais à Austin, certains habitants l’ont déjà atteint, et plusieurs restaurants affichent « zéro déchet ». L’ultime but aujourd’hui est d’atteindre zéro émission de gaz à effet de serre en 2050.
Nous avons des objectifs ambitieux pour notre énergie, nos déchets, nos émissions de gaz à effet de serre… Et dans le même temps, nous sommes la ville qui croît le plus vite aux États-Unis. C’est un énorme challenge. »
Steve Adler, maire d’AustinLe businessman
qui composte à véloDustin Fedako est un pur « produit » d’Austin. Le jeune rouquin au look de hipster, a lancé son entreprise en août 2012. Une entreprise très particulière : elle propose de transformer les déchets de cuisine en compost, mais sans émettre un gramme de CO2. Tout le transport se fait à vélo. D’où le nom « Compost Pedallers ». Jonglant entre ses quatorze employés, le nettoyage de seaux de déchets et les rendez-vous marketing, le jeune homme teste un modèle économique communautaire au développement obligatoirement lent : il a besoin de forces vives pour pédaler, de jardins communautaires et de fermes urbaines pour composter, de commerces locaux où a été mis en place un système de récompense (ou de points à gagner) en fonction du poids de déchets triés. Pas de croissance fulgurante mais une entreprise qui compte toute de même 650 clients particuliers plus 50 entreprises ; 14 employés alors qu’ils étaient 3 il y a trois ans ; et des dizaines de villes d’Amérique latine et d’Asie très intéressées par le concept.
À la pointe de la CleanTech
L’industrie verte est en plein boom à Austin. Près de 20 000 personnes travaillent sur le solaire, la méthanisation, l’éolien, le stockage d’énergie, les véhicules électriques, le recyclage des déchets ou encore l’agriculture biologique. Ce secteur représente aujourd’hui 2,5 milliards de dollars (2,29 milliards d’euros) de chiffre d’affaires. Ce développement rapide ne doit rien au hasard : Austin, berceau de l’entreprise Dell, est devenu un grand centre high-tech aux États-Unis. À l’université du Texas à Austin, déjà très réputée pour sa filière « industrie de pointe », plus d’un millier d’étudiants suivent un cursus lié à la CleanTech chaque année. L’université héberge le tout premier incubateur d’entreprises Énergies propres des États-Unis. C’est également le plus important campus des États-Unis pour la recherche sur les énergies (dont le pétrole). L’université, qui se veut à l’avant-garde de la CleanTech, entretient une dynamique continue du secteur dans la capitale texane.